Contractions
toniques involontaires ou spasmes intermittents des muscles du cou,
provoquant une inclinaison de la tête en rotation (torticolis), latérale
(latérocolis), en avant (antérocolis) ou en arrière (rétrocolis).
1 - Prévalence et étiologie
La prévalence estimée des
dystonies focales (dont le torticolis est la plus fréquente) est > 3/10
000 ; le torticolis lui-même, qui peut tirer le menton vers l'une
des épaules, a une prévalence d'environ 3/10 000. Le torticolis
congénital est rare. On pense qu'il est associé à une lésion
unilatérale du muscle sternocléidomastoïdien au moment de la naissance,
qui le transforme en une corde fibreuse qui ne peut s'allonger avec
la croissance du cou. Des déformations minimes peuvent être observées
chez le nouveau-né ; en quelques semaines, une tuméfaction ferme survient
dans un muscle sternocléidomastoïdien, qui se rétracte ensuite. La
contracture des muscles du cou chez l'enfant peut aussi être secondaire
à des perturbations de l'oculomotricité, une déformation des cervicales
ou des altérations musculaires. Un début
de torticolis à l'âge adulte est beaucoup plus fréquent. Environ
5 % des patients ont des antécédents familiaux de torticolis spasmodique.
Une dyskinésie tardive, une hyperthyroïdie, une maladie des noyaux
gris centraux, des infections du SNC, ou des tumeurs des os ou des
parties molles du cou peuvent à l'occasion simuler ce syndrome, mais
la cause du torticolis spasmodique est inconnue.
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4 - Pronostic et traitement
Le torticolis
congénital doit être traité au cours des premiers mois de vie,
au début avec des mesures kinésithérapiques intensives, comportant
une élongation passive quotidienne des muscles raccourcis pendant
1 an. Si la kinésithérapie est commencée plus tard ou est
inefficace, la section chirurgicale du muscle sternocléidomastoïdien
contracté et des parties molles environnantes peut être indiquée.
Dans le cas du torticolis
chez l'adulte, le pronostic est bon pour les déformations orthopédiques
corrigeables du cou, mais les spasmes secondaires aux troubles neurologiques
ou aux processus idiopathiques sont plus difficiles à traiter et peuvent
persister indéfiniment. Le spasme peut parfois être inhibé temporairement
par kinésithérapie et massage, p. ex. en appliquant une pression
digitale minime du même côté de la mâchoire lorsque la tête est en
rotation (technique du bio-feedback sensitif). Les médicaments peuvent
supprimer les mouvements dystoniques d'une manière efficace dans environ
25 à 33 % des cas au plus, mais peuvent plus souvent soulager les
douleurs. On préfère utiliser les anti-cholinergiques (p. ex.
le trihexyphénidyle, la benztropine) et les benzodiazépines (en particulier
le clonazépam). Les myorelaxants (p. ex. le baclofen) et les
antidépresseurs tricycliques (p. ex. l'amitriptyline) ont habituellement
une efficacité limitée. Tous les médicaments doivent être débutés
à faible dose et augmentés jusqu'à un niveau où ils seront efficaces
et bien tolérés, en prenant garde aux effets secondaires, en particulier
chez les personnes âgées.
Des injections multiples
de toxine botulique type A (Botox) dans les muscles dystoniques
du cou a amélioré la position de la tête et réduit le spasme musculaire
douloureux pendant 1 à 3 mois chez 70 % des patients. Un tel
tt est également disponible aux USA pour le blépharospasme et le strabisme
[n.d.t. : il est disponible et en expérimentation en France dans certains
centres spécialisés]. Le tt peut perdre de l'efficacité si des Ac
se développent contre la toxine. Les interventions chirurgicales thalamiques
ne sont plus recommandées. La dénervation sélective des muscles du
cou est la procédure chirurgicale la plus efficace. Les nerfs des
muscles affectés du cou sont désafférentés, produisant un affaiblissement
permanent ou une paralysie. Cependant, seuls les muscles locaux sont
impliqués et une faiblesse excessive n'est généralement pas un problème
quand cette procédure est effectuée dans des centres expérimentés.
Un tt psychiatrique est rarement indiqué sauf s'il y a des signes
évidents de problèmes émotionnels ; le pronostic est meilleur si le
début est directement en rapport avec un stress exogène
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2 - Symptomatologie et évolution
Les dystonies sont des contractions
soutenues des muscles, qui peuvent conduire à des mouvements de torsion
répétitive et à des postures anormales. Le torticolis est une dystonie
chronique, focale qui est différente de la contracture des muscles
du cou, qui est un spasme actif, douloureux et spontanément résolutif
du cou.
Le début peut survenir à
tout âge, mais le plus fréquemment chez l'adulte entre la troisième
et la sixième décennie. Les femmes sont plus souvent atteintes (1,4/1).
Les symptômes débutent le plus souvent graduellement mais peuvent
être soudains. Les contractions toniques douloureuses ou les spasmes
intermittents du sternocléidomastoïdien, du trapèze, et d'autres muscles
du cou sont habituellement unilatéraux et causent une position anormale
de la tête. La contraction du sternocléidomastoïdien provoque la rotation
de la tête vers le côté opposé et une flexion latérale du cou du même
côté.
Le torticolis va d'une forme
bénigne à une forme plus sévère. Il peut persister pendant toute la
vie et aboutir à une restriction des mouvements et une anomalie posturale.
La maladie est habituellement lentement progressive pendant 1 à 5 ans,
puis en plateau. Dans 10 à 20 % des cas environ, une guérison spontanée
peut se produire dans les 5 premières années (habituellement, les
cas bénins débutent dans le jeune âge). Un tiers des cas souffrent
d'une dystonie d'une autre partie du corps (p. ex. au niveau
des paupières, du visage, des mâchoires, des mains). Les mouvements
involontaires (c.-à-d. les spasmes actifs) disparaissent pendant le
sommeil.
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3 - Diagnostic
Chez le nourrisson, le cou
doit être examiné à la recherche d'une asymétrie, d'anomalies anatomiques
ou de tuméfactions. Un hématome du muscle sternocléidomastoïdien peut
être observé dans les jours suivant l'accouchement (habituellement
par le siège) et peut devenir fibreux au cours des mois suivants.
De la même façon, d'autres processus pathologiques du cou doivent
être éliminés par l'antécédent de traumatisme, d'encéphalite ou les
signes d'une maladie extrapyramidale ; par l'intermédiaire de l'examen
de chaque dysfonctionnement ; et par la rx, la TDM ou l'IRM du rachis
cervical si une anomalie est suspectée. Les examens électromyographiques,
neurologiques et psychologiques sont habituellement négatifs.
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